La grande aventure du Cap York
Le Cap York est cette péninsule du nord-Est australien qui équivaut à la superficie de toute l’Angleterre, peuplé seulement de dix huit mille habitants, en grande majorité aborigène.
Le premier à explorer cette jungle tropicale fut Edmund Kennedy en 1848. Parti avec treize équipiers, il essaya de vaincre la jungle épaisse, les marécages infestés de crocodiles, mais il s’épuisa littéralement et l’agressivité des Aborigènes prit le dessus. Il périt à l’âge de trente ans. Seulement trois de ses équipiers survécurent. Les autres sont morts de maladie, de faim ou de blessures sous les lances des Aborigènes. La région fut finalement conquise avec difficulté en 1864 par les frères Jardine. Vingt trois ans plus tard, en 1887, on construisit sept stations de relais télégraphiques, bien protégées. Une première route fut inaugurée en 1928, la « old telegraph track », la "piste du vieux télégraphe". Depuis lors, elle a été rallongée, et aux passages les plus scabreux, doublée par la Development Road. Mais encore aujourd’hui elle garde toute sa notoriété, notamment chez les adeptes du 4 X 4 qui de toute l’Australie, accourent ici se mesurer à cette nature brute. Au total, la piste rouge s’étend sur six cent cinquante kilomètres de long, de Laura, jusqu’à la pointe Nord de l’Australie, le Tip.
Sur le long ruban rouge, on ne compte plus en kilomètres, mais en heures de poussière, de tôle ondulée, de rivières à traverser, en espérant que la pluie ne tombe pas, et que la mécanique tienne bon. La development road a beau être assez large, sa tole ondulée creusée lentement par les voitures, la rend très dangereuse dans les virages. Pour anticiper les risques de dérapage, beaucoup de conducteurs prennent les virages à la corde, au risque de rencontrer un véhicule en sens inverse. Les accidents sont nombreux. Des road trains empruntent aussi cette route, et il vaut mieux se tenir à distance, car ils trimballent en permanence un gros nuage de poussière empêchant toute visibilité, et plein de petits cailloux volants destinés à votre pare-brise. Coën est le seul village digne de ce nom sur la route, l’occasion de faire quelques courses et un plein, car plus on monte sur la piste, plus le prix du carburant grimpe. Les rares stations service sont un lieu de passage obligé où, quelque soit le prix, vous casquez ! ..…/… à suivre